L’hiver c’est beau, c’est blanc, c’est froid, c’est doux, c’est magnifique. Mais pour les rameurs c’est probablement la saison la plus difficile. L’arrivée de la neige qui fait sauter de joie les enfants est ce que nous redoutons le plus, car elle apporte avec elle la solidification des lacs. Nous échangeons donc à contre cœur notre bateau pour un ergomètre et la sensation magique du calme sur l’eau pour d’interminables heures à l’intérieur.

Quelqu’un m’a déjà dit : «Si tu passes à travers l’hiver en aviron, y’a pu rien qui peut t’arrêter!» Et je le crois complètement. On en vient à oublier ce qui nous pousse à nous entraîner et la flamme de motivation s’éteint tranquillement avec l’accumulation du nombre d’heures passées à l’intérieur et loin des étendues paisibles.

Tu sais que tu dois continuer, que les heures que tu mets maintenant vont payer au printemps, que chaque séance va être récompensée par la vitesse que tu gagneras sur l’eau au retour de l’été.

Mais tout brûle et des fois tu sens ta motivation glisser. Elle s’égare, tu te perds un peu aussi et te mets à douter. Toi aussi tu veux laisser tomber, tout foutre là et vivre une vie plus normale, moins dictée par tes entraînements. Tu es à bout, tu en as ras le bol de passer tes journées en-dedans, dans un gym et de te lever à 5h du matin pour combiner les études, la vie sociale et les entraînements. Tu te dis que ta vie serait quand même un peu plus simple si tu ne t’investissais pas autant dans ton sport. Car oui l’aviron est un sport de fou, mais dis-toi que t’es pas la seule personne à se poser toutes ces questions-là, à être découragé pis à remettre en question ta passion durant la saison d’hiver.

Que ton sport soit l’aviron ou autre, on est tous dans le même bateau et on passe tous par là. On vit tous des hauts et des bas, pis des fois les bas sont plus creux et plus longs que d’autres fois.

Je ne vais pas te dire de juste continuer sans te poser de question, parce qu’en bout de ligne il faut que tu aimes ce que tu fais et pourquoi tu le fais. Mais je vais m’assurer que toi et moi et tous les autres, on ne se sent pas tous seuls là-dedans. Je vais m’assurer de m’entourer de gens qui vivent la même chose, pour qu’on chiale ensemble des fois, mais surtout pour qu’on se supporte, qu’on se remonte le moral, qu’on fasse briller un soleil même à l’intérieur sur l’ergo. Je vais m’entourer de gens en qui j’ai confiance, à qui je n’ai pas peur de dire à quel point je suis fatiguée et que ça me tente pas aujourd’hui. Je vais prendre les moyens pour apprécier et varier mes entraînements, pour ne pas me retrouver à chaque jour avec mon banc d’ergo imprimé dans les fesses. Je vais m’assurer de faire ce qui est le mieux pour moi et je vais m’assurer de t’aider à faire ce qui est  le mieux pour toi.

Plus que tout, je me rappelle à chaque jour le feeling de pratiquer mon sport, sur l’eau, pour de vrai. Je me rappelle pourquoi je m’entraîne en ce moment à l’intérieur, pour repousser mes limites à l’extérieur. Et je me pose la question : Est-ce que ça vaut la peine de passer à travers la saison off ?

Dans mon cas, je sais que ce l’est, alors je sais ce que j’ai à faire.

« Ramer vers le pure plaisir! »